Textes III, IV et V : Du Bellay (1522-1560)

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Avec Du Bellay, l’évolution se poursuit: Dans l’Oliveon retrouve la même idéalisation de la femme aimée que par le passé, même si le frémissement du désir devient de plus en plus difficile à contenir : de ce maniérisme au baroque, il n’y aura finalement qu’une génération à attendre. Les Antiquités de Romesont en revanche nettement de leur temps : l’idéalisation humaniste (voir plus loin) de la Rome antique va de pair avec la déploration de ce qu’elle est devenue, d’où le recueil desRegrets, avec le célébrissime Heureux qui comme Ulysse que n’aurait peut-être pas renié Charles d’Orléans.


III : l’Olive (1550)

Ces cheveux d’orsont les liens, Madame,

Dont fut premier ma liberté surprise

Amour la flamme autour du coeur éprise,

Ces yeux le trait qui me transperce l’âme.

Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme,

Le coup de main à tirer bien apprise,

Et toutefois j’aime, j’adore et prise

Ce qui m’étreint, qui me brûle et entame.

Pour briser donc, pour éteindre et guérir

Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie,

Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine:

L’heur et plaisir que ce m’est de périr

De telle main ne permet que j’essaie

Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.

IV : Les Antiquités de Rome (1558)

Telle que dans son charla Bérécynthienne

Couronnée de tours, et joyeuse d’avoir

Enfanté tant de dieux, telle se faisait voir

En ses jours plus heureux cette ville ancienne :

Cette ville, qui fut plus que la Phrygienne

Foisonnante en enfants, et de qui le pouvoir

Fut le pouvoir du monde, et ne se peut revoir

Pareille à sa grandeur, grandeur sinon la sienne.

Rome seule pouvait à Rome ressembler,

Rome seule pouvait Rome faire trembler :

Aussi n’avait permis l’ordonnance fatale

Qu’autre pouvoir humain, tant fût audacieux,

Se vantât d’égaler celle qui fit égale

Sa puissance à la terre et son courage aux cieux

V : Les Regrets (1558)

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,

Et puis est retourné, plein d’usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village

Fumer la cheminée, et en quelle saison

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,

Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,

Que des palais Romains le front audacieux,

Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,

Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,

Et plus que l’air marin la douceur angevine.


Questions:

  1. étudiez comment le nom de Rome est mis en valeur dans le sonnet « Telle que dans son char »
  2. étudiez l’opposition binaire des tercets du sonnet « Heureux qui comme Ulysse »

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