Textes VI, VII et VIII : Ronsard (1524-1585)

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Ronsard est de la même génération humaniste que Du Bellay, aussi ne s’étonnera-t-on pas  de voir des thèmes communs avec ce dernier (ils ont formé un groupe de poètes appelé La Pléiade),  mais l’idéalisation de la femme aimée est faite avec plus de gravité, avec un sens plus marqué de la fuite du temps ; ce poète a vécu plus longtemps, et dans des temps plus troublés, ceux des Guerres de Religion, d’où l’indignation qui jaillit dans le Discours contre les protestants, considérés comme les responsables des troubles. On remarquera aussi dans les Odesun intérêt pour la nature, même s’il est empreint d’un certain maniérisme «  à l’antique » .


VI Odes (1552)

Quand je suis vingt ou trente mois

Sans retourner en Vendômois,

Plein de pensées vagabondes,

Plein d’un remords et d’un souci,

Aux rochers je me plains ainsi,

Aux bois, aux antres et aux ondes.

Rochers, bien que soyez âgés

De trois mil ans, vous ne changez

Jamais ni d’état ni de forme ;

Mais toujours ma jeunesse fuit,

Et la vieillesse qui me suit,

De jeune en vieillard me transforme.

Bois, bien que perdiez tous les ans

En l’hiver vos cheveux plaisants,

L’an d’après qui se renouvelle,

Renouvelle aussi votre chef ;

Mais le mien ne peut derechef

R’avoir sa perruque nouvelle.

Antres, je me suis vu chez vous

Avoir jadis verts les genoux,

Le corps habile, et la main bonne ;

Mais ores j’ai le corps plus dur,

Et les genoux, que n’est le mur

Qui froidement vous environne.

Ondes, sans fin vous promenez

Et vous menez et ramenez

Vos flots d’un cours qui ne séjourne ;

Et moi sans faire long séjour

Je m’en vais, de nuit et de jour,

Au lieu d’où plus on ne retourne.

Si est-ce que je ne voudrois

Avoir été rocher ou bois

Pour avoir la peau plus épaisse,

Et vaincre le temps emplumé ;

Car ainsi dur je n’eusse aimé

Toi qui m’as fait vieillir, Maîtresse.

VII Les Amours de Cassandre (1552)

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé cheoir !

Ô vrayment marastre Nature,

Puis qu’une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

VIII Les Amours de Marie (1555)

Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,

En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,

Quand l’Aube de ses pleurs au poinct du jour l’arrose ;

La grace dans sa feuille, et l’amour se repose,

Embasmant les jardins et les arbres d’odeur ;

Mais batue ou de pluye, ou d’excessive ardeur,

Languissante elle meurt, fueille à fueille déclose.

Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,

Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,

La Parque t’a tuee, et cendre tu reposes.

Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,

Ce vase plein de laict, ce panier plein de fleurs,

Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.


Questions :

1) Etudiez le vocabulaire du mouvement dans le texte VI

2) Modernisez l’orthographe du texte VII ; cette modernisation vous paraît-elle importante pour des élèves?

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